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DEPENDANCE

Dépendance

FEMMES, ALCOOL ET EXPATRIATION, PARLONS EN!


La question de l’alcool et de sa dépendance a largement pris place dans l’agenda politique et médiatique en France.

Les modalités d’usage, en plus de promouvoir des représentations positives de l’alcool telles que la sociabilité, la fête et l’identité culturelle, peuvent également engendrer une dépendance. Mais elles sont aussi négatives quand l’alcool n’est plus un plaisir.

L’imaginaire collectif

Il réduit généralement l’alcool à la personne dépendante prise dans une spirale d’exclusion. Or, comme le précise le président de la MILDECA* Nicolas PRISSE, les profils des consommateurs sont extraordinairement divers.

Cela peut aller « de l’adolescent, initié en famille ou par ses copains, la femme active-ou l’homme-, soumis aux multiples exigences dans sa vie professionnelle et personnelle, qui sombre dans l’alcoolisme ou la dépendance aux médicaments psychotropes, sans percevoir le glissement ; le jeune adulte qui, au terme d’une vie étudiante ponctuée de soirées et de fêtes, ne parvient pas à limiter ses consommations, le fumeur qui imagine qu’il peut programmer sereinement le jour où il s’arrêtera seul ; le couple qui, mal informé, considère que l’on peut toujours boire un peu lors d’une grossesse… »

Grande accessibilité et promotion de l’alcool, un facteur de risque ?

Certaines régions du monde permettent de boire de l’alcool, même en excès, alors que d’autres l’interdisent. La promotion de l’alcool peut s’opérer à la télévision, sur des panneaux d’affichage, lors d’événements sportifs ou à l´extérieur des bars et des festivals… Le prix est parfois dérisoire et les quantités servies au restaurant, ou dans les bars divergent beaucoup d’un pays à l’autre. Par exemple, la dose légale d’un verre de vin en France équivaut à 10 cl. Et chez vous ?

 

La femme consomme différemment de l’homme et ses conséquences sont diverses.


 

On repère différents modes d’usage de l’alcool.

L’usage est simple quand l’alcool est maitrisé et sans dépendance. L’usage devient nocif quand on identifie des conséquences dommageables de la consommation au niveau médical, psychique, social. On parle alors d’usage à risque. L’usage avec dépendance se manifeste notamment par la perte de contrôle sur la consommation, malgré la connaissance des risques et des dommages sur soi.

À la différence de l’homme, une femme privilégiera une consommation solitaire.

Et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, la consommation d’alcool des femmes est moins acceptable socialement, donc plus honteuse. Mais elle est également plus facilement dissimulable. Car elle provoque moins de conséquences problématiques en société que chez les hommes chez qui la violence, les accidents de la route ou les absences au travail sont plus fréquents.

Pourtant les femmes sont, en moyenne, 20 à 30 % plus ivres que les hommes pour une même quantité d’alcool.

Les effets de l’alcool se répercutent plus vite sur le corps d’une femme

L’OMS recommande de ne pas dépasser 10 verres d’alcool par semaine, 2 verres par occasion et garder des jours dans la semaine sans alcool. Néanmoins, comme le rappelle Héloïse Delavenne, psychiatre française expatriée au Brésil, si le fait d’être une femme est un facteur de protection contre l’alcool, lorsqu’elle en consomme de façon non maîtrisée, le corps subit une dégradation extrêmement plus rapide que l’homme.

Les femmes ont un foie plus petit, qui ralentit la décomposition de l’alcool. Elles souffrent également plus vite de lésions cérébrales. Enfin, il ne faut pas oublier les répercussions typiquement féminines en cas de consommation excessive : risques accrus de cancer du sein, dérèglement du cycle menstruel, risques plus élevés de fausse couche et syndrome d’alcoolisation fœtale.

Le contexte de l’expatriation


 

Dr Bernard Astruc, psychiatre et directeur de la plateforme Eutelmed, rappelle que l’expatriation est une expérience multifactorielle. Or la prise de toxique peut justement se manifester dans un environnement stressant.

Et nous ne le dirons jamais assez, s’adapter dans un nouvel environnement est dur et nécessite de mobiliser des ressources personnelles. La solitude est parfois présente et pesante. Et certains événements de vie douloureux peuvent venir perturber l’équilibre personnel ou familial. Enfin l’image de la femme expat assise dans un hamac sirotant un cocktail pour qui « c’est plus facile » est profondément culpabilisatrice. Elle empêche souvent de se confier à l’entourage proche.

Face à l’alcool, chaque personne a son histoire :

  • Antécédents familiaux
  • Personnalité
  • Mode de consommation. Notamment sa fréquence et son accessibilité. A titre d’exemple, vivre dans un pays où l’alcool est interdit peut-être un facteur de risque. Car l’alcool est consommé à domicile, donc dans un environnement moins protecteur – le prix – accessible ou non),
  • Pouvoir d’achat
  • Lien entretenu avec le produit : fonction désinhibitrice, apaisante, fuite de la réalité.

C’est l’imbrication de tous ces éléments qui fera toute la différence.

Selon le Journal of Psychopharmacology, une étude récente de l’université de Maastricht montre même que pour parler une langue étrangère, une petite quantité d’alcool permettrait de réduire « l’anxiété de langage » et de favoriser l’expression (mais pas la compétence linguistique !). Bien sûr, ces résultats s’annulent en cas de grandes quantités absorbées.

Burn out, charge mentale…

En expatriation, la femme peut être confrontée à l’accumulation des responsabilités familiales et professionnelles. Alors qu’elle veut prendre soin de tout le monde, elle s’oublie et se perd dans ce rôle. Même si elle ne travaille pas, le contexte de l’expatriation va surajouter une pression à travers le rôle indispensable dans lequel elle se sent missionnée. En effet, elle se sent en devoir d’être le socle sur lequel conjoint et enfants peuvent se reposer.

Cependant, la vie n’est pas linéaire, les émotions non plus !

L’alcool, symptôme d’un mal-être.

L’expatriation ne protège personne d’une crise existentielle; d’une crise de couple; d’un deuil à gérer à distance; d’un enfant qui a du mal à s’adapter; d’une grossesse à risque ou encore d’un parcours de FIV ou de PMA…. Si la coupe est pleine, vous pensez que vous n’avez plus les ressources pour faire face au stress. Fuir la situation à l’aide d’alcool ou de médicaments peut alors être perçu comme une « solution » temporaire.

Alors que vous soyez en couple ou non, avec ou sans enfants, il est important que chacun s’accorde de l’attention. L’alcool est un symptôme d’un mal être plus profond et peut s’inviter un peu trop souvent chez vous. Si c’est le cas, autorisez-vous à faire le point avec un professionnel, pour savoir où vous en êtes et apprendre à redéfinir vos propres limites.

Je n’ai évoqué ici que l’alcool au féminin. Mais il perturbe grandement l’organisation et l’équilibre conjugal/familial lorsque l’un des deux conjoints/parents boit.

Parlons-en !

*MILDECA : Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives

Quelques chiffres en France :

    • 20 % de la mortalité est liée aux addictions
    • 800 000 hospitalisations annuelles sont liées à la consommation d’alcool
    • 70 000 décès sont liés au tabac chaque année
    • 50 % des faits de délinquances sont liés aux addictions
    • 49 000 personnes meurent des conséquences de l’alcool chaque année en France
    • 10 % d’augmentation sont enregistrés chaque année par le trafic de drogues illicites

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